La Cour admi­ni­stra­ti­ve fédé­ra­le autri­chi­en­ne (Bun­des­ver­wal­tungs­ge­richt – BVwG) s’est pen­chée sur la que­sti­on en Arrêt W214 2254151 – 1 du 21 août 2024 s’est pro­non­cé sur cer­tai­nes que­sti­ons de la com­mis­si­on d’ex­perts dans le cad­re d’un con­flit ent­re deux copro­prié­tai­res par éta­ge et l’administrateur :

  • Les don­nées de con­som­ma­ti­on des pro­prié­tai­res sont incon­test­a­blem­ent des don­nées à carac­tère per­son­nel au sens du RGPD.
  • Qui est le responsable dépend de qui déci­de de fac­to du trai­te­ment:

    En ori­en­tant la défi­ni­ti­on com­me responsable […] il s’a­git en géné­ral d’u­ne visi­on fonc­tion­na­li­stequi pré­voit que la responsa­bi­li­té est déter­mi­née en fonc­tion de la influence réel­le sur la décis­i­on est attri­buée. Par moy­ens, on entend non seu­le­ment les métho­des tech­ni­ques et orga­ni­sa­ti­on­nel­les, mais aus­si le “com­ment” du trai­te­ment. On entend par là les décis­i­ons, com­ment quel­les don­nées sont trai­tées, à qui elles sont trans­mi­ses ou quand elles sont effa­cées. La responsa­bi­li­té peut éga­le­ment résul­ter d’u­ne anti­ci­pa­ti­on de fait de la décis­i­on. Si un acteur prend effec­ti­ve­ment et de fac­to la décis­i­on de lan­cer un trai­te­ment de don­nées, il doit être con­sidé­ré com­me responsable au sens du RGPD. Ce qui comp­te, c’est qui déci­de et non qui déci­de léga­le­ment.

  • C’est pour­quoi le sous-trai­tant qui s’ar­ro­ge une dis­po­si­ti­on en la matiè­re sous-trai­tant défail­lantmais aus­si un responsable (ain­si le PFPDT dans le cas de Xplain):

    Ain­si, un sous-trai­tant peut deve­nir responsable du trai­te­ment s’il déter­mi­ne lui-même les fina­li­tés et les moy­ens du trai­te­ment sans être légiti­mé à le faire […].

  • En ce qui con­cer­ne la distinc­tion ent­re responsable du trai­te­ment et sous-trai­tant, le TAF se ral­lie, en se réfé­rant aux direc­ti­ves cor­re­spond­an­tes, à la juris­pru­dence de la Cour euro­pé­en­ne des droits de l’hom­me. Lignes direc­tri­ces de l’ED­SA le “Thé­o­rie du cent­re de gra­vi­té“Le BayL­DA, notam­ment, l’ex­pli­que dans sa FAQ (à ce sujet ici):

    Le rôle d’un sous-trai­tant ne découle pas de la natu­re d’un orga­nis­me qui trai­te des don­nées, mais de ses acti­vi­tés con­crè­tes dans un con­tex­te don­né. […] En pra­tique, dans les cas où le ser­vice four­ni pas spé­ci­fi­quement sur le trai­te­ment de don­nées à carac­tère per­son­nel, ou dans les­quels un tel trai­te­ment est effec­tué pas d’é­lé­ment clé du ser­vice est en mesu­re de déter­mi­ner de maniè­re indé­pen­dan­te les fina­li­tés et les moy­ens de ce trai­te­ment, qui est néces­saire à la four­ni­tu­re du ser­vice. Dans ce cas, le pre­sta­tai­re de ser­vices est con­sidé­ré com­me responsable sépa­ré et ne pas être con­sidé­ré com­me un sous-trai­tant. Une ana­ly­se au cas par cas est nécessaire […].

  • Le responsable peut aus­si être celui qui ni accès aux don­nées per­son­nel­les a ni con­trôlé ces:

    Dans deux décis­i­ons récen­tes, la CJUE a en out­re esti­mé que le fait que la per­son­ne phy­si­que ou mora­le, l’au­to­ri­té publi­que, le ser­vice ou un aut­re orga­nis­me ne trai­te pas lui-même de don­nées à carac­tère per­son­nel ou n’a pas lui-même un accès direct à ces don­nées n’ex­clut pas qu’il pui­s­se être qua­li­fié de responsable au sens de l’ar­tic­le 4, point 7, du RGPD (CJUE 05.12.2023, C‑683/21, point 35, et CJCE 07.03.2024, C‑604/22, point 69). De même, le fait qu’un responsable ne con­trô­le pas les don­nées à carac­tère per­son­nel qu’il reçoit et les dif­fu­se sans les modi­fier ne peut avoir aucu­ne influence sur la que­sti­on de savoir s’il peut être con­sidé­ré com­me responsable (CJUE 11.01.2024, C‑231/22(voir l’ar­rêt de la Cour de justi­ce de l’U­ni­on euro­pé­en­ne, points 37 et 38, Moni­teur Belge).

  • En l’e­spè­ce, la Gesti­on­n­aire immo­bi­lier une responsablepar­ce qu’elle :

    En effet, dans le cas pré­sent, la par­tie con­cer­née [sc. l’ad­mi­ni­stra­teur] a – com­me con­sta­té – char­gé i‑GmbH par cont­rat de ser­vice du rele­vé annu­el […]. Le cont­rat de ser­vice con­clu con­ti­ent ent­re aut­res l’é­ten­due des pre­sta­ti­ons […], les don­nées néces­saires à l’é­ta­blis­se­ment du décomp­te, ain­si que les pre­sta­ti­ons de i‑GmbH […]. La par­tie co-inté­res­sée a donc […]. influen­cer, dans son pro­pre inté­rêt, la décis­i­on rela­ti­ve aux fina­li­tés et aux moy­ens du trai­te­ment a été pri­se. […] d’autant plus que la par­tie co-inté­res­sée a pris la décis­i­on fina­le d’au­to­ri­ser acti­ve­ment le mode de traitement […].
    La par­tie pren­an­te a en out­re con­clu avec i‑GmbH une Accord con­clu sur le trai­te­ment des com­man­des con­for­mé­ment à l’ar­tic­le 28 du RGPDIl en résul­te que i‑GmbH […] est liée par les ins­truc­tions [de la par­tie codétenue].
    Con­trai­re­ment à ce qu’af­fir­me l’au­to­ri­té pour­suivie, […] le fait que la par­tie con­cer­née n’é­ta­blis­se pas elle-même les décomp­tes de frais de chauf­fa­ge et ne pui­s­se pas non plus modi­fier ou rec­ti­fier les fac­tures indi­vi­du­el­les ne nuit pas non plus, car elle n’ef­fec­tue elle-même aucun trai­te­ment de don­nées à carac­tère per­son­nel en rap­port avec le décompte […]. […].

La que­sti­on de savoir si les pro­prié­tai­res de biens immo­bi­liers et les gérants d’imm­eubles peu­vent respons­ables com­muns sont. Il s’a­git sans aucun dou­te d’u­ne décis­i­on au cas par cas. Dans la pra­tique (en Sui­s­se en tout cas), les régies immo­bi­liè­res ou les pro­prié­tai­res insti­tu­ti­on­nels exi­gent sou­vent la con­clu­si­on d’un accord sur la responsa­bi­li­té com­mu­ne, qui décrit ent­re aut­res les flux de don­nées con­crets (p. ex. com­mu­ni­ca­ti­on de l’é­tat loca­tif, réser­ve d’un con­sen­te­ment pour cer­tai­nes loca­ti­ons, pro­cé­du­re en cas de recou­vre­ment, etc.), mais aus­si les droits des per­son­nes con­cer­nées (p. ex. une infor­ma­ti­on des loca­tai­res par la régie, éga­le­ment en ce qui con­cer­ne les trai­te­ments effec­tués par le propriétaire).