L’In­do­né­sie a mis en vigueur une nou­vel­le loi sur la pro­tec­tion des don­nées, le 17 octobre 2022, la loi sur la pro­tec­tion des don­nées per­son­nel­les (PDPA), ici en indo­né­si­en et ici en tra­duc­tion auto­ma­tique en alle­mand).

Le PDPA a effet extra­ter­ri­to­ri­al – il s’ap­pli­que au trai­te­ment de don­nées per­son­nel­les en Indo­né­sie, mais aus­si en dehors de l’In­do­né­sie, dans la mesu­re où le trai­te­ment a des con­sé­quen­ces juri­di­ques en Indo­né­sie ou citoy­ens indo­né­si­ens en dehors de l’Indonésie :

Artic­le 2

1) La pré­sen­te loi s’ap­pli­que à tou­te per­son­ne, tout orga­nis­me public et tou­te orga­ni­sa­ti­on inter­na­tio­na­le qui Actes juri­di­ques qui sont régies par la pré­sen­te loi :
a. qui se trou­vent en Ter­ri­toire de la Répu­bli­que d’In­do­né­sie et
b. en dehors de la juri­dic­tion de la Répu­bli­que d’In­do­né­sie, ce qui est con­sé­quen­ces juri­di­ques a :
1. dans la juri­dic­tion de la Répu­bli­que d’In­do­né­sie ; et/ou
2. pour des don­nées à carac­tère per­son­nel con­cer­nant des citoy­ens indo­né­si­ens rési­dant en dehors du ter­ri­toire de la Répu­bli­que Indonésie
2) La pré­sen­te loi ne s’ap­pli­que pas au trai­te­ment de don­nées à carac­tère per­son­nel effec­tué par des per­son­nes phy­si­ques dans le cad­re d’ac­ti­vi­tés pri­vées ou domestiques.

L’i­dée de régle­men­ter éga­le­ment le trai­te­ment en dehors du ter­ri­toire natio­nal lorsqu’il con­cer­ne des citoy­ens ne cor­re­spond pas néces­saire­ment à l’i­dée du prin­ci­pe de ter­ri­to­ri­a­li­té tel qu’il est com­pris en Euro­pe, mais est éga­le­ment valable dans d’aut­res États, par exemp­le au Nige­ria, où une légis­la­ti­on stric­te en matiè­re de pro­tec­tion des don­nées s’ap­pli­que sur le modè­le du RGPD. Art. 1.2 du Nige­ria Data Pro­tec­tion Regu­la­ti­on 2019 :

1.2 CHAMP D’APPLICATION DU RÈGLEMENT

a. le pré­sent règle­ment s’ap­pli­que à tou­tes les opé­ra­ti­ons pré­vues pour le trai­te­ment de don­nées à carac­tère per­son­nel, au trai­te­ment de don­nées à carac­tère per­son­nel, quels que soi­ent les moy­ens par les­quels le trai­te­ment de don­nées est effec­tué ou pré­vu à l’é­gard de per­son­nes phy­si­ques au Nigeria ;
b. le pré­sent règle­ment s’ap­pli­que aux per­son­nes phy­si­ques rési­dant au Nige­ria ou resi­ding out­side Nige­ria who are citi­zens of Nige­ria;
c. le pré­sent règle­ment n’a pas pour objet de pri­ver un Nigé­ri­an ou une per­son­ne phy­si­que des droits en matiè­re de pro­tec­tion de la vie pri­vée aux­quels il a droit en ver­tu d’u­ne loi, d’un règle­ment, d’u­ne poli­tique ou d’un cont­rat en vigueur au Nigé­ria ou dans tou­te aut­re juri­dic­tion étrangère.

On ne peut tou­te­fois pas dire qu’il s’a­git d’u­ne spé­cia­li­té extra-euro­pé­en­ne. Le fran­çais Loi Infor­ma­tique et Liber­tés par exemp­le, voit dans Art. 3(II) pour la légis­la­ti­on natio­na­le de trans­po­si­ti­on, pré­voit qu’el­le s’ap­pli­que au trai­te­ment des don­nées des per­son­nes rési­dant en France :

Artic­le 3

I – Sans pré­ju­di­ce, en ce qui con­cer­ne les trai­te­ments ent­rant dans le champ du règle­ment (UE) 2016/679 du 27 avril 2016, des critères pré­vus par l’ar­tic­le 3 de ce règle­ment, l’en­sem­ble des dis­po­si­ti­ons de la pré­sen­te loi s’ap­pli­quent aux trai­te­ments des don­nées à carac­tère per­son­nel effec­tués dans le cad­re des acti­vi­tés d’un éta­blis­se­ment d’un responsable du trai­te­ment ou d’un sous-trai­tant sur le ter­ri­toire fran­çais, que le trai­te­ment ait lieu ou non en France.
II – Les règles natio­na­les pri­ses sur le fon­de­ment des dis­po­si­ti­ons du même règle­ment ren­voyant au droit natio­nal le soin d’ad­ap­ter ou de com­plé­ter les droits et obli­ga­ti­ons pré­vus par ce règle­ment s’ap­pli­quent dès lors que la per­son­ne con­cer­née rési­de en France, y com­pris lorsque le responsable de trai­te­ment n’est pas éta­b­li en France.
Tou­te­fois, lorsqu’est en cau­se un des trai­te­ments men­ti­onnés au 2 de l’ar­tic­le 85 du même règle­ment, les règles natio­na­les men­ti­onnées au pre­mier ali­néa du II sont cel­les dont relè­ve le responsable de trai­te­ment, lorsqu’il est éta­b­li dans l’U­ni­on européenne.

L’ex­po­sé des motifs de la loi à ce sujet est intéressant :

3. – Le légis­la­teur a choi­si d’in­stau­rer un critère de rat­ta­che­ment ter­ri­to­ri­al par­ti­cu­lier pour les spécificités
fran­çai­ses, tra­dui­sant un choix poli­tique de la France, tein­té de sou­ve­rai­nis­me, qu’il est pos­si­ble de
résu­mer de la maniè­re suivante.
4 – Par prin­ci­pe, les spé­ci­fi­ci­tés fran­çai­ses s’ap­pli­quent ” dès lors que la per­son­ne con­cer­née rési­de en
France “, et ce ” y com­pris lorsque le responsable de trai­te­ment n’est pas éta­b­li en France “. Ce
critère de rat­ta­che­ment exor­bi­tant (lieu de rési­dence des per­son­nes con­cer­nées) con­fè­re un large
ray­on­ne­ment au droit fran­çais, écar­tant les droits des aut­res États mem­bres. Ce choix, qui peut
paraît­re curieux, est appa­ru oppor­tun au légis­la­teur fran­çais, car ” plus pro­tec­teur pour les personnes
phy­si­ques con­cer­nées, qui n’ont alors pas à s’in­ter­ro­ger sur le droit appli­ca­ble dans un aut­re État membre de l’U­ni­on, lequel n’est bien sou­vent pas acce­s­si­ble dans leur langue “.

Il n’en va pas autre­ment de l’art. 139 LDIP – ici aus­si, il peut y avoir appli­ca­ti­on du droit du pays d’o­ri­gi­ne de la per­son­ne con­cer­née, en tout cas si l’on pou­vait s’at­tendre à ce que cet­te per­son­ne soit affec­tée localement :

1 Les pré­ten­ti­ons pour att­ein­te à la per­son­na­li­té par les médi­as, en par­ti­cu­lier par la pres­se, la radio, la télé­vi­si­on ou par d’aut­res moy­ens d’in­for­ma­ti­on au public, sont sou­mi­ses à la loi sur la pro­tec­tion des don­nées, con­for­mé­ment à la loi sur la pro­tec­tion des don­nées. Choix de la per­son­ne lésée:
a. à la loi de l’É­tat dans lequel le Per­son­ne lésée sa rési­dence habi­tu­el­le, si l’au­teur du dom­mage devait s’at­tendre à ce que le résul­tat se pro­dui­se dans cet État ;
b. la loi de l’É­tat dans lequel le Auteur de la vio­la­ti­on son éta­blis­se­ment ou sa rési­dence habi­tu­el­le, ou
c. la loi de l’É­tat dans lequel le le suc­cès de l’ac­te bles­sant se pro­duitL’ar­tic­le 5, para­gra­phe 1, point b), de la direc­ti­ve pré­voit que l’au­teur du dom­mage doit s’at­tendre à ce que le résul­tat se pro­dui­se dans cet État.
2 Le droit de répon­se […]. 3 L’a­li­néa 1 est éga­le­ment appli­ca­ble aux pré­ten­ti­ons pour att­ein­te à la per­son­na­li­té résul­tant du trai­te­ment de Don­nées per­son­nel­les ain­si que pour att­ein­te au droit d’ac­cès aux don­nées personnelles.