Postuat Recor­don (11.4210) : Frais de sur­veil­lan­ce de la cor­re­spond­ance par télé­com­mu­ni­ca­ti­on dans le cad­re d’u­ne pro­cé­du­re pénale
20.03.2014 : Amor­tis­se­ment en rela­ti­on avec la con­sul­ta­ti­on de l’af­fai­re 13.025

Tex­te soumis

Le Con­seil fédé­ral est char­gé de com­man­der une étu­de pro­po­sant des alter­na­ti­ves à la situa­ti­on actu­el­le afin de rédui­re dra­sti­quement les coûts de sur­veil­lan­ce des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons dans le cad­re d’u­ne pro­cé­du­re péna­le, qui sont fac­tu­rés aux auto­ri­tés d’instruction.

Justi­fi­ca­ti­on

Les coûts de la sur­veil­lan­ce des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons dans le cad­re d’u­ne pro­cé­du­re péna­le posent tou­jours pro­blè­me : Ils sont sou­vent pro­hi­bi­tifs. Or, une fois que les con­di­ti­ons juri­di­ques d’u­ne tel­le mesu­re sont rem­plies, il n’est pas accep­ta­ble que sa mise en œuvre soit ren­due dif­fi­ci­le par des coûts exce­s­sifs. A cela s’a­jou­te le fait qu’u­ne per­son­ne accusée peut se voir impo­ser des frais de pro­cé­du­re mas­si­ve­ment et sans rai­son. Il n’est pas non plus justi­fia­ble que les ent­re­pri­ses con­cer­nées pui­s­sent exi­ger plus que les coûts mar­ginaux qui leur sont occa­si­onnés par ces mesu­res. Si la com­mu­ni­ca­ti­on est fle­xi­ble et agréa­ble, notam­ment grâ­ce à la télé­pho­nie mobi­le et à Inter­net, il est éga­le­ment évi­dent que ces tech­ni­ques pré­sen­tent des ris­ques plus éle­vés pour la sécu­ri­té publi­que. Il n’est donc pas plus nor­mal que les con­ce­s­si­on­n­aires, qui sont les seuls à pro­fi­ter du com­mer­ce lucra­tif des com­mu­ni­ca­ti­ons, par­ti­ci­pent à la lut­te de la poli­ce cont­re les ris­ques ain­si cré­és. La nou­vel­le ordon­nan­ce sur les émo­lu­men­ts, qui ent­rera en vigueur en 2012, n’a pra­ti­quement aucun impact sur la struc­tu­re tarifai­re de la sur­veil­lan­ce des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons. La sur­veil­lan­ce de la recher­che d’an­ten­nes est beau­coup trop chè­re, car il faut non seu­le­ment payer les 2200 francs selon CS 5 pour déter­mi­ner quel­les anten­nes et cel­lu­les radio sont inclu­ses dans la sur­veil­lan­ce, mais aus­si les frais de recher­che dans les bases de don­nées, cet­te acti­vi­té dépen­dant du nombre de cel­lu­les radio, qui est très éle­vé dans les vil­les. Ain­si, le coût d’u­ne tel­le sur­veil­lan­ce s’é­lè­ve sou­vent à plu­sieurs dizai­nes de mil­liers de francs. Dans un cas récent, il aurait att­eint près de 60 000 francs. Le cal­cul par cel­lu­le radio est tou­te­fois arbi­trai­re. En effet, les don­nées se trou­vent sou­vent dans une seu­le et même base de don­nées. Le nombre de cel­lu­les radio n’a donc qu’u­ne fai­ble influence sur la char­ge de tra­vail. De plus, il s’a­git d’un simp­le ser­vice infor­ma­tique. Des mon­tants aus­si éle­vés ne peu­vent donc pas être justi­fi­és sérieu­se­ment d’un point de vue économique.

Avis du Con­seil fédéral

Le Con­seil fédé­ral est con­sci­ent des pro­blè­mes de coûts et d’in­té­rêts liés à la sur­veil­lan­ce de la cor­re­spond­ance par poste et télé­com­mu­ni­ca­ti­on. Il exi­ste une ten­si­on ent­re les inté­rêts des auto­ri­tés de pour­suite péna­le et ceux des four­nis­seurs de ser­vices de télé­com­mu­ni­ca­ti­on (FST) ain­si que le man­dat légal de la Con­fé­dé­ra­ti­on. En répon­se à l’in­ter­pel­la­ti­on Mül­ler 11.3063, le Con­seil fédé­ral a lais­sé ent­re­voir une ana­ly­se des coûts et des processus.

L’art. 16, al. 1, de la loi fédé­ra­le sur la sur­veil­lan­ce de la cor­re­spond­ance par poste et télé­com­mu­ni­ca­ti­on (LSCPT ; RS 780.1) pré­voit que les instal­la­ti­ons néces­saires à la sur­veil­lan­ce sont à la char­ge des FST. Ceux-ci reçoi­vent des auto­ri­tés de pour­suite péna­le qui ont ordon­né la sur­veil­lan­ce une indem­ni­té appro­priée pour les frais occa­si­onnés par les dif­fé­ren­tes mesu­res de sur­veil­lan­ce. De même, l’art. 31 de l’or­don­nan­ce sur la sur­veil­lan­ce de la cor­re­spond­ance par poste et télé­com­mu­ni­ca­ti­on (OSCPT ; RS 780.11) pré­voit que le ser­vice FST fac­tu­re aux auto­ri­tés de pour­suite péna­le les pre­sta­ti­ons four­nies con­for­mé­ment à l’or­don­nan­ce sur les émo­lu­men­ts et les indem­ni­tés en matiè­re de sur­veil­lan­ce de la cor­re­spond­ance par poste et télé­com­mu­ni­ca­ti­on (OEmol-SCPT ; RS 780.115.1).

L’ana­ly­se des coûts doit con­tri­buer à ce que le légis­la­teur pui­s­se rééva­luer la struc­tu­re de la répar­ti­ti­on des coûts au moy­en d’in­dem­ni­tés et d’é­mo­lu­men­ts dans le cad­re de la révi­si­on tota­le de la LSCPT. En out­re, les résul­tats détail­lés de l’ana­ly­se des coûts peu­vent éga­le­ment ser­vir à fixer une indem­ni­sa­ti­on appro­priée aux FST dans le cad­re des révi­si­ons de l’OST et de l’OEB-TCPT. La révi­si­on de l’OE­mol-TPA, entrée en vigueur le 1er jan­vier 2012, n’a­vait pas pour objec­tif d’ad­ap­ter le mon­tant des émo­lu­men­ts, mais visa­it uni­quement à inté­grer dans l’or­don­nan­ce les mesu­res de sur­veil­lan­ce qui ont vu le jour au fil de nombreu­ses années de pratique.

Dans le cad­re de la révi­si­on tota­le du Büpf en cours, le légis­la­teur a l’oc­ca­si­on de déci­der d’u­ne adap­t­ati­on du système d’é­mo­lu­men­ts et d’in­dem­ni­sa­ti­on exi­stant. Il s’a­git de tenir comp­te des dif­fér­ents inté­rêts en jeu : les auto­ri­tés de pour­suite péna­le exi­gent une sur­veil­lan­ce de hau­te qua­li­té et sans fail­le, tan­dis que les FST sou­hai­tent la cou­ver­tu­re de tous les coûts résul­tant des mesu­res de sur­veil­lan­ce. De son côté, la Con­fé­dé­ra­ti­on est tenue de respec­ter les prin­cipes de cou­ver­tu­re des coûts et d’é­qui­va­lence lors de la réper­cus­sion des coûts résul­tant des mesu­res de surveillance.

Dans son mes­sa­ge, le Con­seil fédé­ral pré­s­en­te­ra, sur la base des résul­tats de l’ana­ly­se effec­tuée à l’in­ten­ti­on du Par­le­ment, une pro­po­si­ti­on de régle­men­ta­ti­on con­cer­nant la répar­ti­ti­on glo­ba­le des coûts des mesu­res de sur­veil­lan­ce de la cor­re­spond­ance par poste et télé­com­mu­ni­ca­ti­on, en tenant comp­te des inté­rêts diver­gen­ts des acteurs con­cer­nés. Le Con­seil fédé­ral est prêt à inté­grer les deman­des du pré­sent postu­lat dans ses clarifications.