La Com­mis­si­on des insti­tu­ti­ons poli­ti­ques (CIP‑N) a ter­mi­né ses déli­bé­ra­ti­ons sur le pro­jet de loi sur l’é­ga­li­té ent­re femmes et hom­mes. Pro­jet de révi­si­on de la LPD du Con­seil fédé­ral a été con­clu. Le site Dra­peau con­ti­ent des diver­gen­ces par rap­port au pro­jet du Con­seil fédé­ral sur dif­fér­ents points, notam­ment les modi­fi­ca­ti­ons sui­van­tes (y com­pris les pro­po­si­ti­ons de minorité) :

  • Champ d’ap­pli­ca­ti­on ter­ri­to­ri­al (art. 2a P‑LPD) : La com­mis­si­on sou­hai­te étendre le champ d’ap­pli­ca­ti­on ter­ri­to­ri­al de la LPD à tous les faits de trai­te­ment qui ont des con­sé­quen­ces en Sui­s­se. Selon la pro­po­si­ti­on, les ent­re­pri­ses étran­gè­res qui orga­ni­s­ent des acti­vi­tés de trai­te­ment en Sui­s­se doi­vent être sou­mi­ses à la LPD et, dans ce con­tex­te, doi­vent éga­le­ment dési­gner un repré­sen­tant en Sui­s­se (art. 12a P‑LPD). Dans sa ver­si­on actu­el­le, cet­te dis­po­si­ti­on soulè­ve tou­te­fois des dif­fi­cul­tés d’in­ter­pré­ta­ti­on ; ain­si, il n’est pas évi­dent de savoir ce qu’il faut entendre par le point de rat­ta­che­ment “effet”. Alors que les con­di­ti­ons de dési­gna­ti­on d’un repré­sen­tant s’in­spi­rent de cel­les du RGPD, les mêmes critères ne doi­vent pas s’ap­pli­quer en ce qui con­cer­ne le champ d’ap­pli­ca­ti­on géographique.
  • Regi­stres de trai­te­ment (art. 11 E‑DSG)Le pro­jet du Con­seil fédé­ral pré­voit l’ob­li­ga­ti­on pour le responsable du trai­te­ment (et le sous-trai­tant) de tenir des regi­stres de trai­te­ment et éta­blit en out­re une obli­ga­ti­on de noti­fi­ca­ti­on au PFPDT pour les orga­nes fédé­raux. Il exi­ste une pro­po­si­ti­on de mino­ri­té à ce sujet (Mino­ri­té I), qui va plus loin et sou­hai­te ancrer dans la loi une obli­ga­ti­on géné­ra­le de décla­ra­ti­on. Des pro­po­si­ti­ons diver­gen­tes de la Com­mis­si­on exi­stent éga­le­ment en ce qui con­cer­ne la dis­po­si­ti­on d’ex­cep­ti­on selon laquel­le les respons­ables de trai­te­ment doi­vent être exemp­tés de l’ob­li­ga­ti­on de docu­men­ta­ti­on s’ils emploi­ent moins de 50 per­son­nes et si le trai­te­ment en que­sti­on n’en­traî­ne qu’un “fai­ble ris­que”. La majo­ri­té de la com­mis­si­on exi­ge dans tous les cas une exemp­ti­on pour les ent­re­pri­ses jus­qu’à 500 employés, donc sans éva­lua­ti­on des ris­ques, la pro­po­si­ti­on de la mino­ri­té (Mino­ri­té I) suit le Con­seil fédé­ral en ce qui con­cer­ne le seuil de col­la­bo­ra­teurs et sou­ti­ent pour le reste la pro­po­si­ti­on de la majo­ri­té (pas de pesée des risques).
  • Att­ein­tes à la personnalité/consentement : Les que­sti­ons rela­ti­ves à l’e­xi­stence d’u­ne att­ein­te à la per­son­na­li­té en ce qui con­cer­ne les don­nées per­son­nel­les sen­si­bles et le pro­fi­la­ge ain­si que les que­sti­ons rela­ti­ves aux exi­gen­ces en matiè­re de con­sen­te­ment sont con­tro­ver­sées. Les posi­ti­ons sui­van­tes sont défendues : 
    • Le site Majo­ri­té de la com­mis­si­on suit le Con­seil fédé­ral, selon lequel il y a att­ein­te à la per­son­na­li­té lorsque des don­nées sen­si­bles sont com­mu­ni­quées à des tiers. Si l’on s’ap­pu­ie sur le con­sen­te­ment com­me justi­fi­ca­ti­on, celui-ci doit être explicite.
    • Une pro­po­si­ti­on de mino­ri­té (Mino­ri­té II) com­plè­te l’é­tat de fait par les trai­te­ments effec­tués à des fins de pro­s­pec­tion direc­te. Le con­sen­te­ment doit être expli­ci­te pour tous les trai­te­ments de don­nées per­son­nel­les sen­si­bles et pour le pro­fi­la­ge, ce qui per­met de sui­v­re le Con­seil fédé­ral sur ce point.
    • Une aut­re pro­po­si­ti­on mino­ri­taire (Mino­ri­té IV) veut – uni­quement – éta­b­lir une att­ein­te à la per­son­na­li­té pour tou­tes les com­mu­ni­ca­ti­ons, mais indé­pen­dam­ment du type de don­nées, tout en exi­geant un con­sen­te­ment exprès aus­si bien pour les com­mu­ni­ca­ti­ons que pour le trai­te­ment de don­nées per­son­nel­les sensibles.
    • D’aut­res pro­po­si­ti­ons sui­vent le Con­seil fédé­ral en ce qui con­cer­ne les élé­ments con­sti­tu­tifs de l’att­ein­te à la per­son­na­li­té (com­mu­ni­ca­ti­on de don­nées per­son­nel­les sen­si­bles), mais deman­dent en out­re une expli­ci­ta­ti­on pour le pro­fi­la­ge à haut ris­que (Mino­ri­té I) ou pour tout trai­te­ment néces­si­tant un con­sen­te­ment (Mino­ri­té III).
  • Droits des per­son­nes con­cer­nées (art. 23 s. E‑DSG) : L’a­mé­nage­ment des droits des per­son­nes con­cer­nées est éga­le­ment con­tro­ver­sé:
    1. Droit à la resti­tu­ti­on des don­nées et la por­ta­bi­li­té : La majo­ri­té de la Com­mis­si­on a inté­g­ré ce droit dans le pro­jet. Dans ce con­tex­te, il fau­drait notam­ment cla­ri­fier l’ad­mis­si­bi­li­té de tel­les com­mu­ni­ca­ti­ons de don­nées pour les­quel­les les per­son­nes trai­tant les don­nées sont sou­mi­ses à cer­tai­nes limi­tes léga­les (par exemp­le dans le domaine des assu­ran­ces sociales).
    2. Droit d’ac­cès : La majo­ri­té de la com­mis­si­on se pro­non­ce en faveur du responsable pour un droit d’ac­cès limi­té des per­son­nes con­cer­nées et veut le limi­ter “exclu­si­ve­ment” aux infor­ma­ti­ons néces­saires pour que les per­son­nes con­cer­nées pui­s­sent fai­re valoir leurs droits en ver­tu de la pré­sen­te loi, en indi­quant “les don­nées per­son­nel­les en tant que tel­les” (art. 23, al. 2, let. b, P‑LPD) et notam­ment sans indi­ca­ti­on des éven­tuels desti­na­tai­res des don­nées. Les mino­ri­tés sui­vent en prin­ci­pe le pro­jet du Con­seil fédé­ral. La majo­ri­té de la com­mis­si­on deman­de éga­le­ment une exten­si­on du cata­lo­gue d’ex­cep­ti­ons, l’in­té­rêt prépon­dé­rant du responsable devant suf­fi­re pour refu­ser le droit d’ac­cès (même si les don­nées sont com­mu­ni­quées à des tiers) et étant sup­p­ri­mé si l’e­xer­ci­ce est effec­tué à des fins con­trai­res à la pro­tec­tion des données.
    3. Obli­ga­ti­on d’in­for­ma­ti­on : Le responsable doit sim­ple­ment infor­mer “de maniè­re appro­priée” la per­son­ne con­cer­née de la coll­ec­te de don­nées personnelles.
  • Dis­po­si­ti­ons péna­les (art. 54 ss. P‑LPD) : Le pro­jet du Con­seil fédé­ral pré­voit de sanc­tion­ner à l’a­ve­nir une vio­la­ti­on du devoir de dili­gence, ce qui est sou­te­nu dans une lar­ge mesu­re. Deux pro­po­si­ti­ons de mino­ri­té deman­dent cepen­dant cha­cu­ne une aug­men­ta­ti­on du mon­tant de l’a­men­de pré­vue. Une pro­po­si­ti­on (Mino­ri­té I) exi­ge un mon­tant d’a­men­de pou­vant aller jus­qu’à CHF 20’000’000 ou jus­qu’à 4% du chif­fre d’af­fai­res annu­el mon­di­al de l’e­xer­ci­ce pré­cé­dent. Une deu­xiè­me pro­po­si­ti­on mino­ri­taire (Mino­ri­té II) deman­de une aug­men­ta­ti­on à CHF 500’000. Com­me aupa­ra­vant, les per­son­nes phy­si­ques indi­vi­du­el­les doi­vent être punies (art. 29 CP) ; en par­ti­cu­lier le Pro­po­si­ti­on de mino­ri­té I sera dif­fi­ci­le­ment appli­ca­ble dans ce contexte.
  • Aut­res aju­stem­entsEn ce qui con­cer­ne la réa­li­sa­ti­on d’u­ne ana­ly­se d’im­pact sur la pro­tec­tion des don­nées, le pro­jet de la Com­mis­si­on assou­plit l’ob­li­ga­ti­on de con­sul­ta­ti­on et la limi­te aux cas où des ris­ques rési­du­els sub­si­stent mal­gré les mesu­res pri­ses. Une mino­ri­té exi­ge en out­re que l’ana­ly­se d’im­pact sur la pro­tec­tion des don­nées soit répé­tée en cas de modi­fi­ca­ti­on des ris­ques, mais au plus tard tous les 5 ans. En out­re, l’ex­amen de la sol­va­bi­li­té des respons­ables doit être faci­li­té en auto­ri­sant le pro­fi­la­ge dans ce con­tex­te. La majo­ri­té de la com­mis­si­on se pro­non­ce en out­re en faveur d’u­ne régle­men­ta­ti­on léga­le con­cer­nant les dis­po­si­ti­ons tran­si­toires, selon laquel­le la loi doit ent­rer en vigueur deux ans après l’ex­pi­ra­ti­on du délai réfé­rend­ai­re non uti­li­sé ou après son accep­t­ati­on en vota­ti­on popu­lai­re. La majo­ri­té de la com­mis­si­on suit le pro­jet du Con­seil fédé­ral en accordant aux respons­ables un délai d’ad­ap­t­ati­on sup­p­lé­men­tai­re de deux ans. Enfin, il con­vi­ent de men­ti­on­ner diver­ses pro­po­si­ti­ons con­cer­nant la modi­fi­ca­ti­on et le com­plé­ment d’ac­tes légis­la­tifs exi­stants qui doi­vent éga­le­ment être mis en œuvre avec la mise en œuvre de la P‑LPD.