Le Ver­ga­be­kam­mer Ber­lin (VK Ber­lin) a, dans le cad­re d’u­ne pro­cé­du­re d’ad­ju­di­ca­ti­on avec Décis­i­on du 24 sep­tembre 2020 a fait des remar­ques inté­res­s­an­tes sur la pro­tec­tion des don­nées. Le mar­ché por­tait sur des ser­vices d’in­ter­pré­ta­ti­on par télé­pho­ne. Le sou­mis­si­on­n­aire rete­nu a fait valoir que l’at­tri­bu­ti­on du mar­ché était nul­le par­ce que l’off­re rete­nue n’é­tait pas con­for­me à la légis­la­ti­on sur la pro­tec­tion des données :

Selon la requé­ran­te, il y aurait les exi­gen­ces en matiè­re de pro­tec­tion des don­nées pour la four­ni­tu­re de ser­vices mal­gré l’anonymisation/la pseud­ony­mi­sa­ti­on par la par­tie défen­der­es­se. Une pseud­ony­mi­sa­ti­on ne répon­drait pas aux exi­gen­ces de l’ar­tic­le 32 du RGPD. La voix et le con­te­nu de la con­ver­sa­ti­on sont des don­nées à carac­tère per­son­nel.. Le dos­sier d’ap­pel d’off­res ne con­te­nait initia­le­ment aucu­ne décla­ra­ti­on con­crè­te sur les exi­gen­ces en matiè­re de pro­tec­tion des don­nées aux­quel­les devai­ent répond­re les off­res des sou­mis­si­on­n­aires, ce qui ne déga­ge­ait tou­te­fois pas le défen­deur de sa responsa­bi­li­té quant au respect des exi­gen­ces en matiè­re de pro­tec­tion des données.

l’off­re de la par­tie adver­se doit être exclue en rai­son de l’ab­sence de cryp­ta­ge. Le défen­deur n’a pas véri­fié le respect des exi­gen­ces en matiè­re de pro­tec­tion des don­nées dans le cad­re de l’éva­lua­ti­on des off­res. De même, le défen­deur n’au­rait dû sélec­tion­ner, dans le cad­re de l’ex­amen de qua­li­fi­ca­ti­on, que des sous-trai­tants offrant des garan­ties suf­fi­san­tes quant au respect des dis­po­si­ti­ons du RGPD.

La VK Ber­lin rejet­te le recours du sou­mis­si­on­n­aire évin­cé, notam­ment pour les rai­sons suivantes :

Selon l’ar­tic­le 4, point 1, du RGPD, les don­nées à carac­tère per­son­nel sont des don­nées qui per­met­tent d’i­den­ti­fier une per­son­ne phy­si­que. Il est vrai que l’in­ter­prè­te peut éven­tu­el­le­ment recon­naît­re l’o­ri­gi­ne de la per­son­ne qu’il con­seil­le à par­tir de sa voix. En revan­che, il n’est pas pos­si­ble de pro­cé­der à une iden­ti­fi­ca­ti­on sur la seu­le base de la voix. De même, la pos­si­bi­li­té fic­ti­ve d’i­den­ti­fi­ca­ti­on ne suf­fit pas à qua­li­fier une don­née de don­née à carac­tère per­son­nel.qui déclen­che les obli­ga­ti­ons pré­vues par le RGPD (cf. Schild in : Beck­OK Daten­schutz­recht, Wolff/Brink, 33e édi­ti­on, état : 01.08.2020, RGPD Art. 4, point 18).

La suite de l’ex­pli­ca­ti­on con­cer­nant la “coll­ec­te” de don­nées per­son­nel­les est éga­le­ment intéressante :

Si la per­son­ne à con­seil­ler divul­gue de sa pro­pre initia­ti­ve des don­nées à carac­tère per­son­nel sans y être invi­tée par le per­son­nel de l’of­fice com­pé­tent, il ne s’a­git pas d’un trai­te­ment de don­nées à carac­tère per­son­nel. par le défen­deur ou l’of­fice com­pé­tent, ce qui déclen­che des obli­ga­ti­ons en ver­tu du RGPD. En effet, selon le RGPD, les don­nées à carac­tère per­son­nel doi­vent être pro­té­gées lors du trai­te­ment. Selon l’ar­tic­le 4, point 2, du RGPD, on entend par trai­te­ment tou­te opé­ra­ti­on ou tout ensem­ble d’opé­ra­ti­ons effec­tuées ou non à l’ai­de de pro­cé­dés auto­ma­ti­sés et appli­quées à des don­nées à carac­tère per­son­nel, tel­les que la coll­ec­te ou l’en­re­gi­stre­ment. Si la per­son­ne à con­seil­ler divul­gue des don­nées de sa pro­pre initia­ti­ve, cel­les-ci ne sont pas coll­ec­tées par le défen­deur ou l’of­fice com­pé­tent, mais lui revi­en­nent.. En effet, la coll­ec­te pré­sup­po­se un acte actif de la part de l’or­ga­nis­me coll­ec­teur (voir Schild in : Beck­OK Daten­schutz­recht, Wolff/Brink, 33e édi­ti­on, état au 01.08.2020, RGPD, art. 4, point 35 s.). Ces infor­ma­ti­ons dites “impo­sées” ne doi­vent être pro­té­gées par le cli­ent que lorsqu’il sou­hai­te les trai­ter et les uti­li­ser.. Or, rien n’in­di­que en l’e­spè­ce que le trai­te­ment de tel­les infor­ma­ti­ons impo­sées soit envi­sa­gé par le cli­ent. Au con­trai­re, le défen­deur a décla­ré qu’en règ­le géné­ra­le, les per­son­nes à con­seil­ler ne s’ex­pri­ment pas du tout. Le deman­deur n’a pas non plus affir­mé que le défen­deur ou l’of­fice com­pé­tent sou­hai­tait trai­ter de tel­les infor­ma­ti­ons. La chambre esti­me que la trans­mis­si­on par la ligne télé­pho­ni­que ne con­sti­tue pas un trai­te­ment au sens de l’ar­tic­le 4, point 2, du RGPD. Si le col­la­bo­ra­teur responsable prend des notes sur ce qui a été dit, il est tenu de respec­ter les obli­ga­ti­ons en matiè­re de pro­tec­tion des don­nées.mais pas le contractant.

Ain­si, non seu­le­ment cet­te “accu­mu­la­ti­on” de don­nées ne don­ne pas lieu à une obli­ga­ti­on d’in­for­ma­ti­on, mais la légis­la­ti­on sur la pro­tec­tion des don­nées ne s’ap­pli­que pas du tout, car le desti­na­tai­re n’uti­li­se pas ces don­nées volontairement.